Une cinquantaine de mètres de hauteur et 3,5 km de large, voilà les dimensions des chutes de Kongou, situées en plein cœur de la forêt équatoriale au Gabon. Derrière ces chiffres déjà impressionnants se cachent des chutes d’une incroyable beauté. Alors que les eaux noires de l’Ivindo serpentent dans la forêt, elles sont tout à coup entrainées 50 mètres plus bas dans un bruit assourdissant et un nuage de brume qui monte au dessus de la cime des arbres.
Le cadre est idyllique et risque pourtant de disparaitre à court terme. Bien que les chutes soient situées dans le Parc National d’Ivindo et soient candidates au Patrimoine Mondial de l’Unesco, un projet de barrage les menace. Ce projet nommé Belinga vise à exploiter un des derniers grands gisements de fer non exploités au monde, situé au nord-est du Gabon. Le projet comprend la mine mais aussi un complexe industriel, un chemin de fer de 250 km ainsi qu’un port en eau profonde à Santa-Clara, au nord de Libreville. L’investissement est estimé à 3 milliards d’euros. La mine, le complexe et le chemin de fer doivent être alimentés par le barrage.
Le barrage serait une atteinte irréversible à la biodiversité du milieu et à la beauté des lieux, il supprimerait toute possibilité de développer l’écotourisme et mettrait en péril de nombreux villages qui vivent aux dépens du fleuve.
Le consortium chinois qui a remporté l’appel d’offre a déjà construit une piste de 40 km reliant le village de Minkouala au site, jadis accessible uniquement par bateau, et ce en pleine forêt vierge. La route est désormais utilisée par les braconniers, heureux d’accéder facilement au coeur d’un sanctuaire sauvage. Pour le moment le projet est mis en suspend et n’a pas encore obtenu toutes les autorisations nécessaires, mais les chinois ont déjà investi beaucoup d’argent et ne vont pas revenir en arrière sans dédommagements financiers. Avec la nouvelle présidence qui va se mettre en place dans les jours à venir, il est fort à parier que le projet Belinga sera rapidement abordé. Les relations avec la Chine sont une des priorités du Gabon et l’entrée d’argent dans les caisses du nouveau gouvernement en sera probablement une autre.
Combien de temps pourront nous encore profiter des chutes de Kongou ? Six mois, un an, plus? Personne ne le sait. Mais si rien n’est fait pour empêcher le projet, les plus belles chutes de l’Afrique centrale sont appelées à disparaitre…
10 commentaires
Merci pour le dépaysement 😉
Pour le barage… No comment. Coluche dirait : « Mais jusqu’où s’arrêteront-ils ? »
Superbes paysages et superbes photos… Celles de mon chéri des chutes d’Ivindo prises d’hélico étaient très bien, mais pas aussi belles que celles-ci…
la derniere photo est magnifique !
merci de nous faire partager ces infos !
C’est triste de se dire que tout ça pourrait disparaître bientôt… Les images sont garantes du souvenir de ces magnifiques endroits détruits, celles-ci sont très belles.
Encore un témoignage de la bêtise humaine alimentée par le profit
des images superbes certes, mais si le site disparait, aucune image ne le remplacera…
le monde est fou ! tes photos sont très belles mais me laissent un goût amer dans la bouche…
je suis bien d’accord avec TEGE (jette en verlan !!!)
» encore un témoignage de la bêtise humaine alimentée par le profit » mais que va t-on laisser aux générations futures ??
paysages magnifiques c’est vraiment écoeurant de massacrer de tels endroits si ça continue on aura plus de verdure ni d’eau ….. on ne verra que du béton c’est bien triste la bétise humaine
C’est bien de venir en afrique faire des photos, des documentaires et des reportages et ensuite raconter n’importe quoi quand cela n’avantage pas les occidentaux.
Le Gabon est libre de faire ce qu’il veut de son paysage, de ses forêts et tout le reste. Qu’avez-vous fait de votre paysage????
Ce n’est pas à nous de vous fournir de la verdure!
Bonjour,
encore un de ces commentaires qui me fait bien rigoler, et ça fait du bien de bon matin en début de semaine…
J’aimerai savoir ce que vous considérez comme « n’importe quoi » dans cet article. Est-ce les images de la piste créée au milieu de la forêt et d’un Parc National que vous ne croyez pas ? Est-ce les raisons de cette piste qui m’ont été rapportées par les institutions publiques de l’époque ? Est-ce le fait qu’il y ait des chutes d’eau vertigineuses au Gabon ? Merci de m’éclairer un peu sur ce point.
Je rigole ensuite de votre question quand à mon implication à protéger les paysages « chez moi ». Ayant passé 12 années de ma carrière professionnelle à la protection des paysages et des milieux naturels en France, ce qui concernait plus de 1000 ha de milieux divers et variés dont certains ont été depuis classés en Réserves Naturelles et même au Patrimoine Mondial de l’Humanité. Bien qu’ayant cessé mes activités professionnelles dans ce domaine, je continue à m’associer aux acteurs de cette préservation pour mener à bien leurs buts de protection de nos paysages. Ceci étant dit, je crois qu’il n’ai nul besoin d’une telle expérience pour se rendre compte des catastrophes naturelles à travers la Planète!
Enfin à vous lire, on dirait que cet appel à préserver les chutes de Kongou ne concerne que des occidentaux bien loin des préoccupations des gabonais, mais il se trouve que durant mes différents séjours, j’ai côtoyé nombreux gabonais, que ce soit à Libreville ou des gens plus directement concernés par ce projet car vivant des ressources naturelles du fleuve et de la forêt. Et bien je peux vous assurer que ces gens étaient tous en faveur de la préservation de leur patrimoine naturel et de leur paysage… Fort heureusement, quelques années après l’écriture de cet article, le nouveau gouvernement semble également s’être rallié à cet avis puisque le projet a été bloqué et le Parc Naturel d’Ivindo semble pour le moment préservé de la pression chinoise qui menaçait les chutes de Kongou et les milieux naturels environnants.